Alors que la crise agricole reprend de l’ampleur, le Basic présente son dernier travail de recherche, portant sur le système alimentaire français.
Le système alimentaire français a généré en 2021 plus de 358 milliards d’euros de chiffre d’affaires, pour des bénéfices de l’ordre de 30 milliards d’euros. Au-delà de la réputation de sa gastronomie et de l’envergure internationale de quelques-unes de ses entreprises, régulièrement mises en avant par les institutions, le système alimentaire français s’accompagne dans son fonctionnement de multiples impacts négatifs : sous-rémunération d’une majorité d’agriculteurs et agricultrices, précarité des employé(e)s de l’industrie agroalimentaire et de la distribution, effets néfastes sur l’environnement, explosion de l’obésité et du diabète…
À la racine de ces maux se trouve la course aux volumes enclenchée dès l’après-guerre. Cette maximisation des volumes est au cœur d’un double phénomène :
- en amont, des matières premières de plus en plus indifférenciées et substituables
- en aval, une différenciation par le marketing
Cette situation a produit une concentration croissante du secteur à des maillons clés (fourniture d’engrais/semences/pesticides, transformation, distribution), conférant un fort pouvoir de négociation à un nombre réduit d’acteurs.
Ces acteurs ont créé un modèle économique qui s’appuie sur des matières premières indifférenciées, une concurrence par les prix et le marketing. En France, ce modèle représente 92 % de la valeur des ventes de produits alimentaires. Il pressurise systématiquement le maillon agricole.
Notre étude démontre les liens entre ces modèles et la majeure partie des impacts sociaux et écologiques constatés.
Elle met également en lumière le rôle de la puissance publique, qui verse plusieurs dizaines de milliards d’euros par an pour tenter d’atténuer ces impacts négatifs et pour soutenir les modèles qui les créent. Les pouvoirs publics ont dépensé 19,1 milliards d’euros en 2021 pour tenter d’atténuer les impacts sociaux et écologiques du système alimentaire. Ils ont également dépensé 48,4 milliards d’euros pour soutenir le système alimentaire français. 83 % de ces soutiens publics ont bénéficié aux acteurs du modèle caractérisé par la maximisation des volumes, la faible valorisation des matières premières et la différenciation par le marketing.
L’ensemble des coûts sociétaux pris en charge du système alimentaire français représentait donc a minima 67,5 milliards d’euros en 2021.
L’importance de ces montants montre néanmoins que les pouvoirs publics disposent de leviers pour agir et améliorer notre système alimentaire.
« Avec ce travail de recherche, nous avons tenté de lever le voile sur le fonctionnement de notre système alimentaire et sur les liens entre les modèles économiques dominants et les impacts sociaux, sanitaires et écologiques auxquels nous sommes exposés. Nous avons également évalué dans quelle mesure les dépenses publiques alimentent ce système (avec un coût croissant pour le contribuable), afin de nourrir le débat sur une autre allocation des deniers publics, dans le sens d’un système alimentaire plus vertueux. » – Christophe Alliot, président du Basic
Pour en savoir plus, consultez :
* Ce rapport de recherche a été réalisé dans le cadre d’une étude portée par le Secours Catholique – Caritas France en partenariat avec le Réseau des Civam, Solidarité Paysans et la Fédération française des diabétiques, « L’Injuste Prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ? ». À retrouver en ligne ici.