Quelques faits par rapport à la polémique sur le comté

Vous avez probablement entendu parler de la polémique sur le comté qui agite les réseaux sociaux et le monde politique depuis quelques jours. Le comté est-il un destructeur de biodiversité ou un modèle de production raisonnée ? Comme souvent, la réalité est plus nuancée. C’est ce qu’avait montré une étude de 15 labels et démarches de qualité (dont l’AOP comté) réalisée en 2021 par le BASIC pour Greenpeace France et WWF.

Rappelons d’abord d’où vient cette tempête sur le comté : le 24 avril, dans une chronique pour l’émission “La Terre au carré” sur France Inter, le militant écologiste Pierre Rigaux pointe la pollution des cours d’eaux et la souffrance animale liées à la production de ce fromage du massif du Jura. La polémique ne démarre cependant qu’après un article publié ce week-end par le Figaro Magazine et intitulé « “Il faut arrêter d’en manger” : quand les écologistes veulent interdire… le comté » qui entraîne des réactions politiques.

Qu’a montré notre étude ?

  • les impacts positifs de l’AOP comté les plus nets sont sur le plan socio-économique : fermes de taille limitée, création d’emplois locaux, revenu décent pour les éleveur·euses, plus de cohésion sociale et d’équité sur le territoire comme au sein de la filière, promotion du patrimoine et des savoir-faire locaux ;
  • des impacts positifs sont également documentés sur la qualité des produits, l’alimentation des vaches, le bien-être animal et la réduction des engrais et pesticides (mais avec des bémols, notamment sur les quantités d’antibiotiques encore utilisés et certaines pratiques d’élevage) ;
  • sur le plan écologique, les impacts sont globalement positifs sur la biodiversité et les sols, mais limités/nuancés en raison des modes de gestion des prairies dont la diversité a baissé depuis 20 ans et de la suppression des écosystèmes rocheux pour accroître la production de lait ;
  • enfin sur l’eau, les résultats sont faibles en raison de la forte vulnérabilité de la zone de production du comté (massif karstique) qui demanderait un encadrement plus drastique des épandages et des rejets de transformation ainsi que de la densité de vaches à l’hectare.
  • Nous notions à l’époque que le nouveau cahier des charges pourrait permettre des progrès sur ces sujets, mais il était trop tôt pour savoir s’il était à la hauteur des enjeux.

Finalement, la focalisation du débat actuel sur le comté nous éloigne peut-être du véritable problème qui est la tendance des productions alimentaires à la massification de la production et à leur disponibilité toute l’année et en grandes quantités. Cette tendance génère d’importants impacts négatifs à la fois écologiques et socio-économiques.

Lire notre fiche synthétique de l’analyse de la filière comté (et sa comparaison avec la filière AOP Cantal).

Pour aller plus loin, tous les détails techniques sont dans notre portail web.

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