À l’invitation de l’Institut Veblen et du collectif Pour un réveil écologique, le Basic a présenté mercredi soir les résultats de sa recherche* sur le système alimentaire à l’Académie du climat, à Paris.

Christophe Alliot, président du Basic, a commencé par expliquer les causes du paradoxe du système alimentaire français qui d’un côté constitue un des secteurs phares de l’économie française et de l’autre est l’objet de forts questionnements (crises agricoles, épidémie d’obésité, déclin de la biodiversité liés aux intrants chimiques…) : la logique de maximisation des volumes à l’œuvre depuis quelques décennies a certes facilité l’accès pour tous à une offre alimentaire tout en permettant à une minorité d’acteurs économiques de prospérer ; mais elle a surtout systématisé une pression sur les prix agricoles qui dégradent les conditions de vie d’une majorité d’agriculteurs et de travailleurs, ainsi que l’utilisation du marketing et de la publicité, en premier lieu pour les ventes de produits gras, sucrés et salés aux forts impacts sanitaires.

Les pouvoirs publics jouent un rôle important via les dizaines de milliards d’euros qu’ils dépensent chaque année pour tenter de réparer les dégâts causés par le système alimentaire et pour soutenir les acteurs de ce système.

Pour davantage d’informations sur ce travail de recherche, lisez cet article.

Le manque de soutien à l’agriculture bio pointé du doigt

Que faire ? « Le Secours catholique [porteur principal de l’étude dans le cadre de laquelle ce travail de recherche a été réalisé] a formulé plusieurs recommandations : sur l’encadrement des prix, sur la fiscalité. Il a également fait une proposition sur le pilotage des politiques publiques, avec une loi-cadre sur le droit à l’alimentation », a expliqué mercredi Marie Drique, responsable thématique accès digne à l’alimentation au sein du Secours catholique – Caritas France. [Les propositions du Secours catholique et de ses partenaires sont à retrouver ici]

L’État a joué un rôle dans le ralentissement actuel de l’agriculture biologique en supprimant les aides au maintien versées aux agriculteurs et agricultrices qui ont fait le choix de ce modèle de production, a ensuite estimé Sophia Majnoni d’Intignano, déléguée générale de la Fédération nationale d’agriculture biologique. « L’un des gros sujets dans la crise de la bio, c’est la multiplication des allégations de qualité (juste rémunération de producteurs, etc.). Elle a entraîné la création d’un milieu de gamme avec ces allégations de qualité qui permettent d’augmenter les prix sans augmenter les coûts tout en restant moins cher que la bio », a-t-elle ajouté.

Le député EELV Benoît Biteau a renchéri en ciblant le rôle des pouvoirs publics dans la promotion d’un label moins disant comme HVE (Haute Valeur environnementale) : « Il n’y a pas de restriction de doses de pesticides. Des études ont montré qu’on trouve autant de pesticides que sans label. En plus, on mobilise de l’argent public. » Il a ajouté avoir déposé un amendement pour retirer le crédit d’impôt pour ceux qui font du HVE.

Matthieu Calame, directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès humain, a quant à lui tenu à mettre en garde contre la recherche de solutions visant à rendre l’alimentation pas chère. Il a pointé le risque d’un « effet rebond » chez les consommateurs qui ont un bon revenu et qui pourraient reporter les économies ainsi réalisées sur des dépenses néfastes pour la planète, comme des voyages en avion. La solution passerait ainsi plutôt par une augmentation des revenus que par une recherche de baisse du prix de l’alimentation. Elle passe aussi potentiellement par une hausse du revenu disponible, en faisant baisser d’autres postes de dépense, comme celui du logement, par exemple, a abondé Marie Drique.

Le numéro de L’Economie politique consacré au système alimentaire, « Du champ à l’assiette, un modèle verrouillé », est disponible ici.

* Ce travail de recherche a été réalisé dans le cadre d’une étude portée par le Secours catholique – Caritas France en partenariat avec le Réseau des Civam, Solidarité Paysans et la Fédération française des diabétiques, « L’Injuste Prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ? ».

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