Le 9 mars dernier, Arte a diffusé le reportage « Fast Fashion : les dessous de la mode à bas prix » qui s’appuie notamment sur notre investigation du modèle économique de Zara publiée en 2020.

Notre enquête conjointe avec Public Eye et le collectif Ethique sur l’Etiquette sur Zara, marque étendard du groupe Inditex, révèle l’envers du décor du leader de la « Fast Fashion ».

Les clés du succès commercial de Zara résident dans un modèle qui lui permet de répondre en temps réel à la demande des consommatrices et consommateurs, en leur proposant un grand nombre de produits à bas prix directement inspirés des collections de haute couture, quelques semaines à peine après leur lancement lors des défilés.

Zara crée ainsi plus de 65 000 nouveaux produits chaque année (contre 3000 à 4000 en moyenne dans le secteur), et 75% des articles vendus en magasin sont changés tous les mois.

Ce renouvellement effréné des produits est addictif pour les client.e.s qui reviennent en moyenne 17 fois par an dans ses magasins (contre 3 à 4 fois chez les concurrents), de peur de passer à côté des dernières nouveautés. Il permet également de limiter au maximum les stocks et donc les quantités vendues en solde, et les taux de rabais accordés (jusqu’à 2 fois moins élevés chez Zara que chez ses concurrents) ; le tout, sans besoin de communication, puisque les dépenses publicitaires de Zara représentant moins de 0,3% de son chiffre d’affaires.

Quel est l’impact de ce modèle économique sur les travailleurs impliqués dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de la marque ?

Pour répondre, nous avons décomposé le prix d’un sweatshirt estampillé « RESPECT » vendu à l’été 2019 dans les magasins Zara.

Résultat : selon nos calculs, pour chaque sweat vendu à un prix moyen de 26,70 €, Inditex génère un profit net de 4,20 € par article, soit plus de deux fois plus que la somme de tous les autres acteurs impliqués dans la fabrication du produit (2,08 €), des champs de coton en Inde à la filature de Kayseri, dans le centre de la Turquie, jusqu’aux usines de confection à Izmir.

D’après les informations récoltées en Turquie, les ouvriers et ouvrières gagneraient entre 2000 et 2500 lires turques par mois (310 à 390 €), soit un tiers environ du salaire vital estimé par la Campagne « Clean Clothes » (6130 lires).

Les salaires de misère ne sont pourtant pas une fatalité : 3,62 € de plus par article consacrés à la main-d’œuvre suffiraient à garantir un salaire vital à tous les travailleurs et travailleuses. Même s’il prenait sur ses bénéfices pour couvrir cette somme, Inditex continuerait à faire plus de profits sur chaque sweatshirt vendu que tous ses sous-traitants dans la chaîne…

 

Pour revoir le document (jusqu’à fin juin 2021), suivre ce lien vers la plateforme replay d’Arte

Pour aller plus loin: