Notre enquête conjointe avec Public Eye et le collectif Ethique sur l’Etiquette portant sur les conditions de production d’un sweatshirt emblématique de la marque Zara révèle l’envers du décor de ce leader de la « Fast Fashion » qui se présente comme une entreprise transparente accordant la plus grande importance aux personnes qui fabriquent ses vêtements.

Comme Zara ne publie aucune donnée sur les niveaux de salaires chez ses fournisseurs et ses prix d’achat, nous avons réalisé notre propre estimation détaillée de la composition du prix d’un sweatshirt estampillé « RESPECT » vendu à l’été 2019 dans les magasins de la marque.

Selon nos calculs : Inditex (maison-mère de Zara) gagne 4,20€ par article, soit plus de deux fois plus que toutes les personnes impliquées dans la fabrication du produit (2,08 € francs), des champs de coton en Inde à la filature de Kayseri, dans le centre de la Turquie, jusqu’aux usines de confection à Izmir.

L’enquête de Public Eye sur place met en lumière la pression exercée sur les prix par l’entreprise. L’usine chargée de la confection des 20 000 sweatshirts n’a reçu que neuf lires turques par pièce (soit 1,53 €) et l’imprimerie qui a apposé le slogan aurait touché à peine 9 centimes par impression. Pour s’en sortir, les propriétaires des usines sont contraints de payer leur personnel moins qu’ils ne le devraient, ou de le faire travailler plus.

D’après les informations récoltées en Turquie, les ouvriers et ouvrières gagneraient entre 2000 et 2500 lires turques par mois (310 à 390 €), soit un tiers environ du salaire vital estimé par la Campagne Clean Clothes (6130 lires).

Les salaires de misère ne sont pourtant pas une fatalité : 3,62 € de plus par article consacrés à la main-d’œuvre suffiraient à garantir un salaire vital à tous les travailleurs et travailleuses. Même s’il prenait sur ses bénéfices pour couvrir cette somme, Inditex continuerait à faire des profits sur chaque sweatshirt vendu – plus que tous ses sous-traitants dans la chaîne…

Sur la base de ces résultats, les partenaires de l’étude – Public Eye, le Collectif Ethique sur l’Etiquette et Schone Kleren Campagne – ont démarré une campagne pour interpeller Inditex, qui affichait en 2018 un bénéfice net record de 3,44 milliards d’euros, et engager l’entreprise à changer ses pratiques pour mettre en œuvre concrètement un salaire décent pour toutes celles et ceux qui travaillent dans ses chaînes d’approvisionnement.

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