L’étude du réseau international Oxfam publiée cette semaine sur les inégalités dans les chaînes alimentaires mondiales est basée sur un travail de recherche conduit par le BASIC pendant ces derniers mois. Il fournit les premières estimations chiffrées de l’évolution de la répartition de la valeur pour des produits alimentaires provenant des pays du Sud vendus dans les supermarchés.

Au cours des dernières décennies, les chaînes d’approvisionnement agricoles se sont mondialisées et sont devenues étroitement coordonnées par un petit nombre de groupes agroalimentaires et d’enseignes de grande distribution qui font le lien entre des millions de producteurs agricoles et une population de consommateurs en constante augmentation.

Dans ce contexte, nous avons réalisé pour Oxfam International un travail de recherche sur la répartition de la valeur – depuis les agriculteurs jusqu’aux consommateurs – d’un panier de produits alimentaires commercialisés par les grands distributeurs internationaux et sur les changements nécessaires pour garantir aux producteurs et aux travailleurs un niveau de vie durable.

Ses principaux résultats sont :

  • les premières estimations quantitatives de la découpe de valeur sur les 20 dernières années pour 7 pays consommateurs (Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Afrique du Sud, Thaïlande et Indonésie) et pour 12 produits alimentaires (café, thé, cacao, riz, crevettes, thon, jus d’orange, banane, raisin, haricot vert, tomate et avocat) provenant de 16 pays producteurs.
  • une évaluation pour chaque produit de l’écart entre le revenu/salaire réel que touchent les petits producteurs/travailleurs et le revenu/salaire qui leur serait nécessaire pour atteindre des conditions de vie décentes.
  • une analyse de ces estimations à la lumière des relations de pouvoir, de l’organisation et de la gouvernance des chaînes de valeur associées.

Il apporte de nouvelles preuves que les conditions socio-économiques des petits agriculteurs et des travailleurs se sont dégradées au cours des vingt dernières années, principalement au profit des supermarchés et, dans une moindre mesure des grandes marques et intermédiaires de la chaîne, et qu’elles se détérioreront probablement davantage dans les années à venir si les tendances actuelles se prolongent. Un point de non-retour pourrait ainsi être atteint, où la viabilité même des agriculteurs familiaux serait remise en cause et la précarisation des travailleurs atteindrait un paroxysme. Les droits de millions de personnes ainsi que la préservation de l’environnement sont susceptibles d’être mises en jeu.

Nos recherches ont également porté sur les possibilités de tracer un avenir différent, dans lequel les petits producteurs et les travailleurs peuvent parvenir à vivre décemment de leur travail et à faire valoir leurs droits. Nous avons notamment analysé les mécanismes et processus pouvant apporter des solutions face à la situation actuelle via :

  • l’instauration de prix minimum pour les produits agricoles et de salaires minimum adéquats ;
  • l’accroissement du pouvoir de négociation des agriculteurs et des travailleurs, en particulier des femmes ;
  • le changement des modes de redistribution de la valeur le long des chaînes alimentaires.

 

Pour télécharger les rapports publiés par Oxfam (en anglais sauf le focus sur la France) :

 

Dans les médias en France :

 

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