De l’agriculture de précision aux applications de smartphone scannant les produits, en passant par l’arrivée des géants du web (GAFAM) dans l’alimentation, le numérique est en passe de transformer le système alimentaire dans ses moindres recoins. Cette évolution, souvent présentée comme nécessaire et incontournable, est pourtant loin d’être neutre sur nos façons de produire et de consommer. C’est ce que met en lumière notre état des lieux réalisé pour le compte et en partenariat avec la Fondation Carasso.

Le numérique fait désormais partie intégrante de notre vie quotidienne, bouleversant le fonctionnement de l’économie et de la société dans son ensemble. Dans quelle mesure fait-il aujourd’hui évoluer les secteurs agricole et alimentaire ?

Notre étude met en lumière les conséquences multiples et encore en partie incertaines du développement et de la diffusion des outils numériques dans les filières alimentaires, et qui sont de nature à bousculer tous les acteurs depuis la fourniture de produits et services pour l’agriculture jusqu’à la consommation finale des produits alimentaires.

Les avancées numériques offertes par les acteurs privés sont certes porteuses de promesses de réduction des impacts environnementaux (dont les émissions de gaz à effet de serre, usage d’engrais et de pesticides de synthèses…) et de la pénibilité du travail. Mais le marché oriente ces avancées vers les acteurs les plus influents, renforçant de ce fait leurs positions dominantes dans les filières alimentaires et la captation de valeur par ces acteurs. Au-delà, les avancées liées à la numérisation se focalisent le plus souvent sur l’optimisation des performances pour permettre aux acteurs de baisser leurs coûts pour chaque euro de valeur créée. Ce faisant, ils amplifient la convergence vers des modèles économiques capitalistiques et automatisés, et ce tout au long des filières alimentaires.

Au contraire, pour assurer la durabilité du système alimentaire de même que sa résilience, il s’agirait aujourd’hui de rendre possible les changements de modèles de production et de permettre leur diversité à travers les territoires et les filières. Atteindre cet objectif nécessite de choisir collectivement la direction dans laquelle orienter les avancées numériques dans le secteur agricole et alimentaire, et pose donc la question du ciblage des investissements publics en la matière et de la régulation par les pouvoirs publics de ce marché. Des questions essentielles au moment où se jouent les derniers arbitrages de la nouvelle Politique Agricole Commune de l’Union Européenne.

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