Sur la base de la trajectoire indicative de décarbonation du secteur agricole de la Stratégie nationale bas-carbone française, l’Iddri et le Basic ont développé deux scénarios de systèmes alimentaires, visant tous deux les mêmes objectifs de décarbonation, mais via des trajectoires contrastées tant sur le plan sociopolitique que celui de l’évolution des stratégies économiques des acteurs au sein des filières.
La mise en regard de ces deux scénarios permet in fine d’évaluer leurs implications quantitatives (en termes d’emploi et de revenu) et d’identifier les conditions socio-politiques d’une transition juste :
- Un scénario centré sur les enjeux climat, sans remise en cause des logiques de concentration/spécialisation de la production, s’accompagnerait d’impacts socio-économiques négatifs importants : accélération de la disparition des exploitations et des emplois associés (-9 % dans les secteur des grandes cultures et du lait par rapport tendanciel), perte d’emplois agroalimentaires (-12 % dans les mêmes secteurs par rapport à 2015), sans améliorer substantiellement la qualité de l’alimentation ni la biodiversité.
- Un scénario prenant au sérieux les multiples défis auxquels notre système alimentaire est confronté de manière simultanée (climat, biodiversité, santé, emploi) pourrait générer de multiples bénéfices : maintien de l’emploi agricole (+10 % dans les secteur des grandes cultures et du lait par rapport au tendanciel) sans perte de revenu ; accroissement de l’emploi agroalimentaire (+8 % dans les mêmes secteurs par rapport à 2015) ; contribution à la restauration de l’agrobiodiversité et au développement d’une offre alimentaire plus alignée avec les recommandations nutritionnelles publiques.
En termes politiques, la viabilité économique du second scénario repose une évolution simultanée de l’offre, de la demande et de l’organisation des marchés, impliquant des changements importants :
- une approche volontariste de la demande au niveau national, à rebours de la frilosité actuelle sur le sujet, mobilisant une large palette d’outils et permettant de faire du choix le plus sain et le plus durable le plus évident pour le consommateur ;
- une convergence des visions entre États membres de l’Unions européenne, pour que la mise en œuvre des plans stratégiques nationaux dans le cadre de la politique agricole commune fixent aux producteurs des objectifs et des conditions de production comparables ;
- une approche ambitieuse en matière de commerce international pour favoriser et accompagner l’adoption des normes de production ambitieuses.
Pour prolonger ces premiers résultats, il est nécessaire de compléter l’analyse des secteurs des grandes cultures et du lait réalisée dans la présente étude en l’étendant à l’ensemble des secteurs agricoles et des pays de l’Union Européenne. Une tâche à laquelle l’Iddri et le Basic ont commencé à s’atteler avec d’autres partenaires (Solagro, I4CE), dans l’objectif de publier de nouveaux résultats en 2022.
Pour en savoir plus :
- Lire le rapport complet publié par l’Iddri et le Basic
- Revoir la vidéo de la conférence de présentation des résultats
Face à des impacts sanitaires et environnementaux de mieux en mieux documentés, la France – via notamment le plan Ecophyto – et l’Union Européenne se sont fixées il y a quelques années des objectifs ambitieux pour réduire l’utilisation de pesticides.
Pourtant, celle-ci continue d’augmenter significativement depuis 10 ans en France, alors même qu’il est techniquement possible de réduire de manière importante le recours aux pesticides.
Comment expliquer cet échec ? Dans quelle mesure les flux financiers ont-ils un rôle à jouer dans le changement ou le maintien de systèmes agricoles très utilisateurs de pesticides ?
C’est ce que nous avons tenté de comprendre via notre nouvelle recherche menée pour le compte de la Fondation Nicolas Hulot publiée ce jour.
Premier constat, dans un contexte de dualisation de l’agriculture, la hausse de l’utilisation des pesticides est en grande partie liée à une minorité d’exploitations (9%) – principalement en grandes cultures, dont le nombre et les surfaces exploitées sont en croissance.
Au niveau des flux financiers ensuite, notre analyse montre que les mécanismes de soutiens publics et de financements privés ne suivent pas la demande sociétale croissante pour des produits alimentaires sans pesticides : en 2018 seuls 11% des financements publics affichent une intention plus ou moins directe sur la réduction de l’utilisation des pesticides, soit 2,7 milliards d’euros sur les 23,2 milliards d’euros versés aux acteurs du système alimentaire (parmi eux, les budgets du plan Ecophyto – principal outil public de la réduction des pesticides – ne représentent que 0,3% de l’ensemble des soutiens publics). Finalement, moins de 1% du montant total des soutiens publics produit un effet a posteriori. Quant aux financements privés accessibles aux acteurs agricoles et agroalimentaires, ils restent rivés aux signaux de marché et n’intègrent quasiment aucun critère de durabilité.
Pour changer la donne, la FNH recommande d’une part de responsabiliser les acteurs des filières via l’instauration d’un bonus-malus progressif fondé sur le principe « pollueur-payeur », d’autre part d’orienter la PAC vers la protection de la biodiversité (plus de moyens pour la bio, paiements pour services environnementaux, financements massifs de projets alimentaires territoriaux).
Pour aller plus loin :
- Le rapport de recherche : Étude des financements publics et privés liés à l’utilisation agricole de pesticides en France
- La synthèse de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme : Réduction des pesticides en France, pourquoi un tel échec ?
- La vidéo qui résume les principaux résultats : Pourquoi est-il si difficile de sortir des #pesticides ?
Dans la presse :
- Le Monde – Agriculture : les financements publics entretiennent la dépendance aux pesticides
- Les Echos – Pourquoi la France a du mal à réduire l’utilisation des pesticides
- Le Parisien – Pesticides : la France en consomme toujours plus
- La Croix – Hausse de l’usage des pesticides en France, à qui la faute ?
- L’Usine Nouvelle – Seuls 1% des financements publics pour l’agriculture auraient un effet sur la réduction de pesticides
- Référence agro – Réduction des pesticides, la FNH appelle à réorienter les financements publics et privés
- Reporterre – L’aide de l’État à l’agriculture privilégie l’usage des pesticides
- Natura Sciences – Pesticides: l’échec du plan Ecophyto du fait d’une « poignée d’exploitations »
- Paris Match – Réduction des pesticides : la Fondation Nicolas-Hulot fustige le manque de moyens
- Huffington Post – Les pesticides explosent en France, déplorent Nicolas Hulot et sa fondation
- Challenge – Baisse des pesticides: les aides publiques pas à la hauteur, selon la Fondation Nicolas Hulot
- Ouest France – Pesticides. Un rapport juge les financements publics trop faibles, le gouvernement réagit
- L’info durable – Pesticides: des financements publics trop faibles pour réduire leur usage
- 20 Minutes – Pesticides : Nicolas Hulot dénonce-t-il à tort l’utilisation accrue des produits phytosanitaires ? Non !
- Reporterre – Bataille de chiffres pour discréditer le rapport sur les pesticides de la Fondation Nicolas Hulot
- L’Obs – Rapport sur les pesticides : la Fondation Hulot a-t-elle répandu des fake news ?
A la radio, à la télé :
- Quotidien (TMC) du 09/02/2021 – Invité: Nicolas Hulot tire le bilan des 30 ans de sa Fondation
- France 2 (JT 20h du 09/02/2021) – reportage sur le rapport de la FNH et la difficile conversion en bio (33′-35′)
- France 3 (19-20 du 09/02/2021) – Agriculture : des dysfonctionnements dans l’attribution des aides pour se passer des pesticides ?
- BFM TV / RMC – Nicolas Hulot face à Jean-Jacques Bourdin en direct
- France Inter (La Terre au Carré) – Il était une fois les pesticides et les aides publiques
- France Inter – Les agriculteurs français pas assez accompagnés pour sortir des pesticides, selon la FNH
- France Info – Réduction des pesticides en France : seul 1% des financements publics est réellement efficace, selon la Fondation Nicolas Hulot
- Europe 1 – Pourquoi la France ne parvient-elle pas à réduire son usage des pesticides ?
La répartition de la valeur au sein des filières européennes de cacao-chocolat
Le 30 juin 2020, un webinaire conjoint a été organisé par la Direction générale de la coopération internationale et du développement de la Commission européenne (DG DEVCO), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Association européenne pour le cacao (ECA) pour présenter les résultats de l’ « Etude comparative sur la répartition de la valeur dans les chaînes européennes du chocolat » qui a été menée par le BASIC et financée par les 3 organisations (DG DEVCO, FAO et CEA).
Le webinaire a été animé par la vice-présidente du Parlement européen, Mme Heidi Hautala. L’événement a réuni 200 participants et a accueilli les orateurs suivants: Mme Carla Montesi, directrice de la DG DEVCO, M. Mohamed Manssouri, directeur du Centre d’investissement de la FAO, M. Harold Poelma , Président de la CEA. S.E. Abou Dosso, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en Belgique, S.E. Sena Siaw-Boateng, Ambassadeur du Ghana en Belgique, S.E. Pablo Ortiz García, Ambassadeur de l’Équateur en Belgique, M. Antonie Fountain, Directeur général de VOICE Network, Mme Awa Traoré Bamba, Directrice générale de la coopérative CAYAT, et M. Aldo Cristiano, Président de CAOBISCO.
L’étude a investigué le marché français des tablettes de chocolat noir et lait, ainsi que celui des poudres cacaotées pour petit déjeuner et des barres chocolatées vendus en supermarchés – fabriqués à partir de fèves de cacao cultivées en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Équateur et au Cameroun – dans le but de fournir des estimations de la répartition de la valeur, des coûts, des taxes et des marges le long des différents maillons de la filière cacao/chocolat.
Elle montre que les variations de création de valeur, de coûts et de marges ont principalement lieu aux deux dernières étapes de la chaîne (fabrication des produits finis et distribution). Les principaux facteurs qui expliquent ces variations sont liés à l’aval et aux attributs immatériels des produits : réputation de la marque, segmentation du marché, performances de ventes des produits.
En vis-à-vis, l’étude montre que la valeur et les coûts associés aux étapes amont de la chaîne, depuis la culture du cacao jusqu’à la fabrication du chocolat de couverture, sont beaucoup plus stables. Au sein des pays producteurs, les principales variations découlent de trois facteurs: le type de régulation publique et d’implication de l’État dans le secteur, les pratiques agricoles et leurs effets sur la qualité et la productivité, et enfin l’évolution des prix mondiaux du cacao. Dans le cas de la Côte d’Ivoire et du Ghana, l’étude indique qu’un levier clé réside dans la garantie d’une qualité homogène, stable et prévisible du cacao ainsi que dans la fiabilité de l’approvisionnement.
Les liens ci-dessous permettent d’accéder au :
- résumé exécutif (en français)
- résumé exécutif (en anglais)
- rapport de recherche complet (en anglais)
Plus d’informations disponibles sur les sites :
- European Commission’s knowledge sharing platform for International Cooperation and Development (Capacity4dev)
- Platform for African-European Partnership in Agricultural Research for Development
Dans les médias :
- Ouest France : « Pourquoi le chocolat n’engraisse pas ses producteurs ?«
- CommodAfrica : « Le différentiel cacao ne changerait guère la donne pour le producteur«
Les principales données collectées et traitées pour l’étude sont mises à disposition du public sur le portail développé par le Basic : La répartition de la valeur au sein du CAC 40
Le rapport décrivant les résultats de la recherche est consultable au lien suivant : rapport de recherche CAC 40 – 2020
Ce travail a abouti à la publication par Oxfam France du rapport de campagne : CAC 40 : des profits sans lendemain ?
Dans les médias :
- Libération : « CAC 40 : le monde d’avant continue à enrichir patrons et actionnaires«
- France Inter : « Grandes entreprises : Oxfam épingle l’inégalité femmes-hommes et la répartition injuste des richesses«
- France Culture : « Lutte contre les inégalités : unions et désunions politiques«
- L’Humanité : « CAC 40. Les actionnaires creusent l’écart dans la course aux dividendes«
- Ouest France : « Le CAC 40 a privilégié les actionnaires et oublié l’environnement et les salariés, selon Oxfam«
- JDD : « Partage des profits : les entreprises du CAC 40 à nouveaux recalées par Oxfam France«
- Marianne : « CAC 40 : entre 2009 et 2018, les versements aux actionnaires ont bondi de 70%«
- Capital : « CAC 40 : les entreprises où le PDG est le mieux payé par rapport aux salariés«
- Le Parisien : « Le CAC 40 a choyé ses actionnaires mais oublié ses salariés et l’environnement, selon Oxfam«
- Reporterre : « Dividendes records, écarts de salaires vertigineux… Le CAC 40 creuse les inégalités et tourne le dos à l’écologie«
- Novethic: « Depuis la crise de 2008, le CAC 40 a favorisé les actionnaires au détriment des salariés et de l’environnement selon Oxfam«
- France Info TV : « Le CAC 40 a privilégié les actionnaires aux dépens de l’environnement et des salariés depuis la crise de 2008, selon un rapport de l’ONG Oxfam«
Les coûts humains et sociaux de la filière thé en Inde
Une nouvelle étude réalisée par le BASIC pour Oxfam Germany révèle que les grandes marques et les chaînes de supermarchés prélèvent une part toujours plus importante du prix payé par les consommateurs. Aux États-Unis, la grande distribution et les marques de thé captent près de 94 % du prix d’une boîte de thé noir, tandis que moins de 1 % revient à la main-d’œuvre des plantations de thé. Au Royaume-Uni, la grande distribution et les marques de thé touchent 49 pence sur un sachet de thé noir vendu 74 pence, contre à peine 3 pence pour l’ensemble de la main-d’œuvre. Enfin, en Allemagne, la grande distribution et les marques de thé s’attribuent 2,15 € sur une boîte de thé coûtant 2,48 €, alors que la main-d’œuvre n’en touche que 0,03 €.
Dans la province d’Assam en Inde, des entretiens menés auprès de la main-d’œuvre dans 50 plantations de thé fournissant la matière première pour le thé vendu par Aldi, Lidl, Edeka, Tesco, Sainsbury’s, Walmart ou Costco, révèlent la moitié des travailleuses et travailleurs interrogés reçoivent des cartes de rationnement de la part du gouvernement parce qu’ils sont sous le seuil de pauvreté. Les travailleuses, qui exercent souvent les emplois les moins rémunérés et avec la plus grande intensité de main-d’œuvre, s’échinent pendant 13 heures par jour dans les plantations pour des salaires dérisoires. Au niveau sanitaire, les cas de choléra et de typhoïde se multiplient à cause d’un accès insuffisant à des toilettes et à de l’eau potable.
Selon Winnie Byanyima, Directrice générale d’Oxfam International :
« La grande distribution doit être plus transparente quant à la provenance des produits et s’assurer que ses pratiques d’achat n’alimentent pas la pauvreté et les abus, que la main-œuvre dans ses chaînes d’approvisionnement reçoit un salaire décent et peut travailler dans des conditions sûres et dignes, et que les travailleuses ne sont pas victimes de discriminations. »
D’après l’étude menée par le BASIC pour Oxfam en 2018 et sur laquelle s’appuie sa campagne internationale « Derrière le code barre », la grande distribution a significativement augmenté la part du prix qu’elle prélève sur un panier de 12 articles produits dans les pays du Sud, de 43,5 % en 1996-1998 à 48,3 % en 2015. Sur la même période, la part revenant aux agriculteurs et aux travailleurs a chuté de 8,8 % à 6,5 %.
Pour plus d’informations :
Dans les medias:
- BBC “Oxfam alleges abuse in UK supermarket supply chains”
- The Guardian “Workers exploited at farms supplying UK supermarkets: report”
- The Telegraph “Oxfam criticises British supermarkets over conditions of workers on tea and fruit plantations”
- The Times of India “Tea workers get a raw deal as brands, marts grab lion’s share”
- The Hindu “Oxfam report flags Assam tea for labour rights violation”
- The Economic Times “Assam tea workers get only 7 per cent of price, says report”
- Der Spiegel “Oxfam-Studie zu Assam-Tee: 2,80 Euro für die Unternehmen, 4 Cent für die Arbeiter”
- Der Tagesspiegel « Teeplantagenarbeiter erhalten 1,73 Euro für 13 Stunden Pflücken«
- Deutsche Welle « Assam: Oxfam criticised supermarkets for tea working conditions”
- The Grocer “Supermarkets sourcing tea from ‘inhumane’ Assam plantations, finds Oxfam”
Alors que les besoins alimentaires devraient doubler à l’horizon 2050 (hausse démographique et évolution des régimes alimentaires), et qu’il est désormais urgent de lutter contre le changement climatique tout en réduisant notre empreinte, l’alimentation constitue un enjeu stratégique de la transition écologique.
Représentant un quart de l’empreinte carbone des français, l’alimentation constitue un poste d’émissions de GES équivalent au transport ou au logement. Elle génère également des impacts conséquents sur la qualité et la consommation d’eau, la qualité des sols et de l’air, ou encore les espaces naturels et la biodiversité. L’essentiel de ces impacts est lié à la production agricole, et dans une moindre mesure aux transports, avec de fortes différences selon les produits et leurs modes de production.
La loi EGALIM du 30 octobre 2018 offre des éléments de réponse pour soutenir le développement d’une agriculture et d’une alimentation plus durables : elle identifie le rôle à jouer de la commande publique en restauration collective et fixe l’objectif de 50% d’approvisionnement en produits durables ou de qualité. Cet objectif peut être atteint avec des produits labellisés (SIQO et Ecolabel européen), certifiés (HVE), ou encore au travers d’achats « prenant en compte le coût des externalités environnementales des produits pendant leur cycle de vie ».
Dans cette perspective, l’ADEME a commandité une étude à l’équipe composée du Basic et d’Aurélie Dressayre dont l’objectif était d’identifier les méthodologies et sources de données pouvant être intégrées dans des appels d’offres publics pour prendre en compte le coût des externalités environnementales des produits alimentaires le long du cycle de vie.Cette étude était organisée autour de 3 volets :
- Faire un état des lieux des méthodologies et sources de données existantes qui permettent d’évaluer le coût des externalités de l’alimentation le long de son cycle de vie, en France et à l’étranger ; identifier les opportunités et les freins de leur mise en oeuvre dans le cadre des marchés publics de restauration collective.
- Identifier les cas d’application concrète du coût des externalités environnementales dans le cadre de marchés publics non alimentaires (en France, et si pertinent à l’étranger) ; analyser les bonnes pratiques et les difficultés de mise en oeuvre.
- Sur la base des résultats précédents, étudier la faisabilité de l’intégration des coûts des externalités environnementales des denrées alimentaires dans les marchés publics de restauration collective.
Pour en savoir plus
- Le rapport complet, regroupant les 3 volets
- La synthèse
Une nouvelle étude commanditée par Oxfam et réalisée par Basic montre que les producteurs de riz de certains pays ne reçoivent que 4% du prix payé par les consommateurs. Cela a des conséquences sur la pauvreté : au Népal, les revenus de la riziculture sont estimés à seulement 13% du montant nécessaire à un revenu de base mais décent. Le fardeau est particulièrement lourd pour les femmes qui travaillent dans le secteur rizicole asiatique: elles touchent des salaires plus bas et sont souvent victimes de discrimination. Les opportunités pour le changement sont à saisir.
Par exemple, une réglementation gouvernementale plus intelligente visant à protéger les droits des travailleurs et à responsabiliser les petits producteurs peut permettre de meilleurs revenus pour les agriculteurs ; et des investissements responsables du secteur privé peuvent aider les petits producteurs à tirer parti de la modernisation rapide des marchés du riz.
Ce document présente une vision pour un secteur du riz plus équitable, durable et résilient au climat ; et fournit des recommandations aux gouvernements et au secteur privé pour aider à atteindre cet objectif.
Pour en savoir plus
Rémunération des producteurs et transition agroécologique : quelles contributions du commerce équitable origine France ?Les débats suscités par les États Généraux de l’Alimentation et l’élaboration de la loi Alimentation qui s’en est suivie ont mis en exergue les difficultés à garantir des négociations commerciales équilibrées entre producteurs, transformateurs et distributeurs ainsi que les nombreux blocages qui freinent la transition agroécologique des modes de production agricole. Dans quelle mesure le commerce équitable peut-il être un outil pertinent pour répondre à ces problématiques ?
L’étude réalisée par Le Basic pour Commerce Équitable France examine la réalité de deux partenariats dans les filières bio lait et légumes secs qui reprennent les critères de la loi de 2014 sur le commerce équitable : les relations de Biolait avec Biocoop et Système U et celles de Ferme de Chassagne avec Biocoop et Ethiquable.
Les effets constatés : les partenariats de commerce équitable accélèrent les conversions bio et rééquilibrent les relations commerciales
Les cas étudiés montrent des relations commerciales plus apaisées, avec une meilleure rémunération pour les producteurs et une plus grande part de valeur ajoutée, les prix d’achat étant basés sur l’identification des coûts de production.
Les partenariats de commerce équitable permettent aux producteurs d’avoir de la visibilité sur des débouchés rémunérateurs. Par ailleurs, le commerce équitable vient renforcer les accompagnements techniques, économiques et sociaux portés par les collectifs de producteurs auprès de leurs adhérents. Dans ce contexte sécurisant, les producteurs peuvent plus facilement sauter le pas vers une conversion bio.
Pour en savoir plus
- Le rapport de recherche
- La synthèse (19 pages)
- Le résumé (2 pages)
Une création de valeur qui explose…
Depuis 2003, les ventes de café en France ont plus que doublé en valeur, en particulier grâce à un renouvellement du marché lié à l’émergence des cafés arabicas premium en formats portionnés (dosettes et capsules) aujourd’hui proposés par tous les grands torréfacteurs et distributeurs et dont les français sont devenus les premiers consommateurs par habitant.
La hausse des revenus générés par cette évolution bénéficie à un secteur de plus en plus concentré : les
3 premiers acteurs du café en France, Nestlé (34%), JDE (30%) et Lavazza (17%) représentent désormais 81% du marché, contre 70% en 2008. Cette concentration des acteurs dominants renforce leur pouvoir de négociation au sein des chaînes d’approvisionnement.
…Mais ne ruisselle pas jusqu’aux producteurs
A 20 ans d’intervalle, les torréfacteurs et les distributeurs ont retiré 1,177 milliard d’euros supplémentaires de leurs ventes annuelles de café en France, tandis que les producteurs et les négociants n’ont reçu que 64 millions d’euros en plus. Ainsi, sur cette période, le revenu capté par les pays de production est passé de 24% de la valeur au milieu des années 1990 à 16% en 2017.
Or la plupart des caféiculteurs subissent actuellement une dégradation de leurs conditions de vie et de travail. Confrontés à des chutes régulières des cours mondiaux du café et à une augmentation des coûts de production liée aux coûts de main d’œuvre et des intrants, dépendants de leurs acheteurs, ils souffrent également d’un manque critique de trésorerie. A titre d’exemple, les producteurs péruviens et éthiopiens ont touché en 2017 un revenu 20% plus faible que 12 ans auparavant, ce qui ne leur permet pas de dépasser le seuil de pauvreté.
Des impacts sociétaux croissants, aggravés par le changement climatique
Résultat : on observe dans les familles qui cultivent le café des problèmes de malnutrition, d’analphabétisme, voire de travail des enfants, leur paupérisation alimentant à une échelle plus large des phénomènes de migrations ou de trafic de drogue. Autres tendances inquiétantes, la hausse des pollutions environnementales liées à l’utilisation d’intrants chimiques, et la déforestation associée à l’expansion de la caféiculture et à l’intensification des pratiques agricoles.
Ces évolutions ont lieu dans un contexte d’impacts croissants du changement climatique sur la production de café, en particulier d’Arabica : les rendements et la qualité des récoltes sont régulièrement affectés, avec une augmentation des coûts de production et une dégradation des revenus des producteurs.
L’ensemble de ces impacts économiques, sociaux et environnementaux pèsent sur les économies des pays de production : à titre d’exemple, au Pérou et en Ethiopie en 2017, derrière chaque dollar généré par les exports de café il y avait entre 85 et 90 cents de coûts cachés à la charge de ces pays et de leur population (les « coûts sociétaux »), la Colombie s’en sortant mieux grâce à une meilleure valorisation du café à l’export. Des résultats qui illustrent la non-durabilité de la filière dans ces deux pays.
Un manque d’informations sur les retombées des certifications « durables »
Produit emblématique du commerce équitable, le café concentre un nombre important de démarches « alternatives » mieux disantes sur les plans environnemental et/ou social.
Sur la base de nos études de cas, les certifications « durables » comme Rainforest et UTZ – désormais fusionnées – se caractérisent par le peu d’études et d’information indépendantes qui rend difficile l’objectivation de leurs impacts. Les documents disponibles témoignent néanmoins d’une vision de la durabilité économique pour les producteurs centrée sur la hausse de leurs rendements afin d’améliorer leur rentabilité et leurs revenus ; l’idée étant qu’il n’y a pas besoin de réguler le marché pour résoudre les problématiques sociales et environnementales de la filière dès lors que les entreprises en aval se dotent de critères en la matière, ce qui est loin d’être corroboré par l’étude. Dans les faits, ces certifications sont généralement associées à des exploitations plus grandes, qui utilisent plus d’intrants et disposent de moyens et d’accompagnement supérieurs à la moyenne.
Le commerce équitable : un outil qui fonctionne…
Plus nombreuses, les études et publications sur le commerce équitable montrent que ce système permet d’améliorer la situation des producteurs de café, en particulier les revenus qu’ils dégagent de leur activité :
- En posant comme préalable aux filières équitables l’organisation collective des producteurs qui permet de renforcer leur pouvoir de négociation.
- En proposant un filet de sécurité (le prix minimum) ainsi qu’une prime collective.
- Grâce à la prime biologique qui facilite le passage en bio et permet de préserver les modèles de production agroforestiers.
C’est d’ailleurs la double labellisation équitable – agriculture biologique qui génère les meilleurs résultats, comme en témoigne le calcul des coûts cachés reportés sur la société : pour chaque dollar lié à l’export de café, les coûts sociétaux liés au café conventionnel sont réduits de 45% en Ethiopie, 58% en Colombie et 66% au Pérou.
Les leviers activés par le commerce équitable sont nécessaires car ils touchent des points clés à l’origine des problèmes de la filière.
… Mais qui ne peut répondre seul aux enjeux actuels
Toutefois, leur efficacité varie fortement en fonction des volumes de café vendus aux conditions du commerce équitable par les coopératives – souvent trop faibles par rapport à leurs ventes totales – et des contextes régionaux.
Surtout, ils ne semblent pas suffisants pour répondre de façon autonome :
- au besoin d’encadrement des rapports de force actuellement en faveur des principaux acheteurs et des pratiques commerciales déloyales qui en découlent ;
- à la question de la répartition de la valeur tout au long de la chaîne: si le commerce équitable permet aux producteurs de capter une part plus importante du prix final du café lorsqu’il est vendu en paquet 250g, cette capacité s’atténue fortement dans les cas des capsules où 85% à 90% du prix final est capté par les torréfacteurs et distributeurs.
Le besoin d’un cadre régulateur
L’enjeu de la répartition de la valeur est pourtant central : dans un secteur de plus en plus concentré, les acteurs dominants en aval réussissent à capter une part croissante de la valeur générée par la filière, alors que les producteurs ont plus que jamais besoin de moyens financiers pour lutter contre les effets du changement climatique. Plus globalement, il semble désormais indispensable de penser collectivement l’articulation entre certifications équitables et biologiques, agroforesterie et régulations publiques.
Pour en savoir plus :
- Le rapport de recherche Étude sur la durabilité de la filière café
- La synthèse (25 pages)
- Le résumé (2 pages)
Dans les médias français :
- Le Figaro : Café : les ventes explosent mais les producteurs sont asphyxiés
- Le Monde : Les Décodeurs – Oui, les dosettes de café en aluminium sont chères, polluantes et peu recyclées
- La Croix : Au Pérou, le succès du café profite peu aux producteurs
- RFI – Chronique des matières premières : Café : l’argent des dosettes ne profite pas aux producteurs
- RMC – Chronique Dupin Quotidien : Les Français n’ont jamais payé aussi cher leur café !
- Radio Classique – Trois minutes pour la planète
- Novethic : Journée internationale du café : les producteurs boivent la tasse
- Consoglobe : Filière du café : la success-story qui cache la crise
- Le Point : Café, un commerce encore moins équitable en période de crise
- Sud Ouest : Café, un commerce encore moins équitable en période de crise
- L’Humanité : « Matières premières : le café broie du noir
- France 24 : Café, un commerce encore moins équitable en période de crise
- Europe 1 – La France bouge : La Journée mondiale du café
- France Bleu : Les Français payent plus cher leur café à cause des dosettes
Dans les médias internationaux :
- Brésil: Associaçao Brasileira da Industria de Cafe
- Colombie: El Espectador
- Honduras: El Pulso
- Mexique: La Jornada
- Nicaragua: El Nuevo Diario
- Argentine: La Capital
Les grandes entreprises françaises sont souvent considérées sous un jour positif, comme sources de richesse économique, créatrices d’emploi, symboles du prestige de la France. Elles représentent des centaines de milliers d’emplois en France et des centaines de millions de taxes et impôts versés chaque année.
En vis-à-vis, elles soulèvent des questions sur la compatibilité de leurs modèles économiques avec la sauvegarde du climat ; sur la situation faite aux travailleurs et travailleuses en France et, plus encore, à l’étranger ; sur leurs chaînes d’approvisionnement internationalisées qui contribuent à l’épuisement des ressources planétaires et sont associées à des atteintes aux droits fondamentaux.
Pour investiguer cette apparente contradiction, le BASIC et l’Observatoire des Multinationales se sont associés pour conduire une analyse d’impact sociétal de 5 grandes entreprises françaises emblématiques de notre économie : Total, EDF, Michelin, Renault et Sanofi. Les résultats de cette analyse sont décrits dans le présent rapport et permettent d’objectiver les coûts que ces entreprises reportent sur la société française.
Voir notre étude sur les impacts sociétaux
Voir le véritable bilan des grandes entreprises françaises dans lequel elle est intégrée
Dans la presse :