Deux ans après notre premier rapport sur Nike et Adidas, nous avons approfondi le décryptage du modèle économique de ces équipementiers pour le compte du Collectif Ethique sur l’Etiquette et de la Clean Clothes Campaign

Alors que s’ouvre le Mondial de Football en Russie, notre nouveau rapport « Anti-jeu. Les sponsors laissent les travailleurs sur la touche » publié avec le Collectif Ethique sur l’Etiquette montre que la course au sponsoring de Nike et Adidas – qui équiperont 22 des 32 équipes engagées – atteint de nouveaux records :

  • 65 millions d’euros par an, c’est le contrat record de sponsoring négocié par Adidas avec l’équipe nationale d’Allemagne, qui multiplie ses revenus par 3 depuis 2016.
  • 143 millions d’euros par an, ce sont les montants supplémentaires de sponsoring engrangés par les 10 plus grands clubs de football européens entre 2015 et 2017.
  • 25 millions de dollars par an, c’est l’estimation du premier contrat à vie pour un joueur de football qui a été signé entre Ronaldo et Nike en 2016, soit un montant total estimé à un milliard de dollars.

Dans le même temps :

  • Nike et Adidas diminuent leur approvisionnements en provenance de Chine, où les salaires sont désormais proches du salaire vital, et relocalisent leurs achats en Indonésie, au Cambodge ou au Vietnam, où les salaires moyens sont inférieurs de 45% à 65% au salaire vital.
  • les travailleur.euse.s ne touchent que 0,8 euros sur un maillot Adidas de la coupe du Monde vendu 90 euros, tandis que la marque aux 3 bandes empoche environ 18 euros de bénéfice net.

Pourtant, si les équipementiers sportifs avaient cessé la surenchère et maintenu les mêmes montants – déjà conséquents – de sponsoring des clubs de foot qu’en 2015, les centaines de millions d’euros économisés auraient permis d’assurer un salaire décent à plus d’un million de travailleurs en Asie.

Deux ans après le 1er rapport publié à l’occasion de l’Euro 2016, notre étude ne montre pas de changement positif pour les travailleur.euses.s des chaînes d’approvisionnement de Nike et Adidas, au contraire : en privilégiant la maximisation des bénéfices et la rémunération de leurs actionnaires, le modèle économique de ces 2 groupes relègue toujours le salaire des travailleur.euse.s à un rôle de variable d’ajustement, et ce malgré leurs déclarations d’intention en faveur d’un salaire vital qui permettrait à ces dernier.ère.s de vivre dignement.

Dans ce contexte, le Collectif Ethique sur l’étiquette et la Clean Clothes Campaign se mobilisent pendant le Mondial 2018 pour exiger de ces grands équipementiers des pratiques garantissant un salaire vital aux ouvrier.ère.s sans qui leur croissance économique exceptionnelle ne serait pas possible.

Plus de 20 ans après le premier scandale survenu dans l’industrie du textile (Nike et le travail des enfants pakistanais en 1996) ils plaident pour une régulation contraignante au niveau international, à l’image de la loi pionnière sur le devoir de vigilance adoptée en France en  mars 2017, et du projet de traité onusien « Multinationales et droits humains » actuellement en négociation.

 

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