Des financements publics indispensables pour les filières bovines

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📌 Les financements publics permettent aux filières bovines de survivre en complétant les revenus des éleveurs et des éleveuses.

Le Salon de l’agriculture qui s’ouvre samedi va être l’occasion de nouvelles discussions sur la rémunération des agriculteurs et des agricultrices. Nos études* sur les filières bovin lait et bovin viande montrent qu’ils sont nettement perdants dans la répartition de la valeur.

🥩 Dans la filière de la viande bovine, l’augmentation du prix payé par les consommateurs et les consommatrices au cours des dernières décennies a coïncidé avec une baisse de 40% du prix payé aux éleveurs et aux éleveuses pour leurs bêtes. Cette situation n’a d’ailleurs bénéficié qu’à un très petit nombre d’acteurs d’une filière en grande difficulté, où le nombre d’abattoirs a été divisé par 2,5 en 40 ans et où les plus gros de ces établissements ne tournent qu’à 60% de leur capacité.

🥛 Dans la filière bovin lait, qui se porte pour l’instant mieux, la valeur est essentiellement captée par les industriels et les distributeurs. Les premiers ont réalisé 697 millions d’euros de bénéfices nets cumulés en 2021, les seconds ont cumulé 145 millions d’euros de bénéfices nets la même année.

La filière bovin lait est toutefois loin d’être florissante. Elle subit une concurrence étrangère de plus en plus forte. En 2019, les importations ont représenté près de 30% de la consommation totale française de produits laitiers, tous débouchés confondus, avons-nous calculé en nous basant sur des estimations des quantités de lait nécessaires à la fabrication des différents produits. La quasi-totalité du beurre et des fromages que nous importons viennent de l’Union européenne.

🛒 Ces deux filières bovines se caractérisent par le poids déterminant de la grande distribution qui représente l’essentiel des ventes et induit une pression constante sur le prix payé aux fournisseurs afin de garantir sa rentabilité dans un contexte de guerre commerciale permanente entre enseignes. Pour les éleveurs et les éleveuses, pris en tenaille entre le pouvoir de négociation des industriels et distributeurs d’un côté, et la concurrence à bas prix exercée par les pays européens voisins de l’autre, il est quasi impossible de vivre de leur activité.

🏛️ En découle une forte intervention de la puissance publique pour soutenir leurs revenus. En 2020, les aides à l’élevage laitier ont atteint 1,6 milliard d’euros et celles à l’élevage bovin viande 2,8 milliards d’euros, principalement via la politique agricole commune de l’Union européenne.

Ces aides n’ont pas pour autant permis aux éleveurs et aux éleveuses d’atteindre l’équivalent d’un Smic horaire net.

* Lire nos rapports de recherche pour les études de la Fondation pour la nature et l’homme sur la filière bovin lait et sur la filière bovin viande :

 

Photo : Stijn te Strake / Unsplash.

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