À l’approche des élections aux chambres d’agriculture et du Salon de l’agriculture, le BASIC publie une série d’articles pour mieux comprendre les débats actuels.
Si les prix agricoles sont si peu rémunérateurs pour une majorité de producteurs et productrices, c’est à cause de la concurrence qu’ils et elles subissent. Vous pensez à la concurrence des pays comme ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) ? Pas la peine d’aller chercher si loin. La concurrence commence à l’intérieur de nos frontières.
Par exemple, qu’est-ce qui tire les prix de vente des éleveurs et éleveuses de vaches allaitantes (races à viande) vers le bas ? Les prix bien inférieurs des vaches laitières de réforme, c’est-à-dire des vaches jugées inaptes à la production de lait, notamment en raison de leur âge. Leurs carcasses se vendent nettement moins cher aux abattoirs. Or, elles sont totalement substituables aux carcasses de vaches allaitantes pour la fabrication de produits standardisés tels que le steak haché et les plats préparés, comme le montre le rapport de recherche que nous avons publié en septembre dans le cadre des travaux menés avec la Fondation pour la nature et l’homme sur la filière.
Le steak haché représente plus de 66 % des quantités de viande bovine consommées en France au cours d’une année. Il est l’un des principaux produits d’appel des enseignes de la grande distribution dans la guerre des prix qu’elles se livrent. Cette pression sur les prix retombe sur les éleveurs et éleveuses de vaches allaitantes.
À cela s’ajoute une concurrence étrangère : celle des autres pays de l’Union européenne, Irlande, Allemagne, Pays-Bas et Pologne répondent à la demande française de viande de bœuf en y exportant massivement de la viande moins chère, largement issue de troupeaux laitiers.
L’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur mettrait en concurrence les agriculteurs et agricultrices européens avec ceux de pays n’étant pas soumis aux mêmes règles sanitaires et environnementales. Elle viendrait donc s’ajouter à une situation qui a déjà fortement ébranlé le modèle économique des éleveurs et éleveuses de vaches allaitantes ces dernières années.
Lire notre étude :
Photo : Jiròni B. / Wikimedia Commons.