Notre étude analyse la manière dont les entreprises du DAX 30 ont utilisé leurs bénéfices au cours de la décennie écoulée : entre 2009 et 2020, les versements aux actionnaires ont augmenté de 85 %, soit près de deux fois plus que les bénéfices (après impôts) qui ont augmenté de 48 %, alors que les impôts sur les bénéfices du DAX 30 sur la même période n’ont quant à eux augmenté que de 42 %.  Certaines entreprises ont parfois même rémunéré leurs actionnaires les années où ils faisaient des pertes. En outre, les réserves financières cumulées du DAX 30 sont passées de 122 milliards d’euros en 2014 à près de 200 milliards fin 2020, ce qui profite également aux actionnaires en augmentent la valeur de l’entreprise.

Au-delà, notre analyse montre un renversement de tendance. Les groupes du DAX 30 semblent s’éloigner de l’approche historique de gestion financière d’entreprise dans laquelle les actionnaires sont les derniers à bénéficier de la création de valeur en fonction du niveau des bénéfices : alors que traditionnellement les dividendes n’étaient versés que lorsque toutes les autres dépenses essentielles avaient été effectuées, le DAX30 augmente désormais constamment les paiements à ses actionnaires, tandis que l’affectation des bénéfices à la capacité d’investissement est devenue une variable d’ajustement.

Dans le même temps, les investissements des entreprises du DAX 30 dans la lutte contre le changement climatique ne sont pas à la hauteur des enjeux. Nos estimations des investissements annuels nécessaires pour rendre les modèles économiques de ces entreprises climatiquement neutres d’ici 2050 montrent qu’elles investissent trop peu, que ce soit dans le secteur des transports, de l’énergie, de l’immobilier ou du ciment. Pourtant, compte tenu de leur marge de manœuvre financière, certaines entreprises seraient en mesure de le faire sans subventions gouvernementales ni allégements fiscaux. Par exemple, dans le secteur des transports, si BMW, Daimler, Volkswagen et Lufthansa devaient réaliser les investissements climatiques supplémentaires requis de 13,8 milliards d’euros par an, elles réaliseraient encore des bénéfices qui leur permettraient de verser des dividendes aussi élevés qu’en 2009 ou 2010.

Nous avons également étudié la question des droits de l’homme et du devoir de vigilance. Dans le cas d’Adidas, si l’entreprise devait garantir le paiement de salaires décents dans les usines de la plupart de ses fournisseurs, cela nécessiterait des dépenses supplémentaires d’environ 567 millions d’euros. Ce montant réduirait de moitié les bénéfices annuels d’Adidas qui s’élèvent à 1,22 milliard d’euros, et réduirait potentiellement les versements aux actionnaires dans la même proportion ; même dans ce cas, les dividendes resteraient au niveau de 2013, lorsqu’ils étaient parmi les plus élevés de l’industrie textile mondiale.

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