
Une étude menée par le BASIC pour Greenpeace France, l’Institut Veblen et Max Havelaar France révèle l’impact massif des importations agricoles de la France sur les droits humains et l’environnement.
13 filières ont été analysées. Six d’entre elles (cacao, vanille, riz, huile de palme, sucre de canne et café) concentrent l’essentiel des violations des droits humains (travail des enfants, travail forcé, salaires indécents). Deux filières (cacao et soja) se détachent par leurs impacts écologiques en raison des émissions de gaz à effet de serre qu’elles génèrent, ainsi que de la déforestation et de la pollution des eaux qu’elles provoquent.
L’étude analyse également les impacts de plusieurs actions relevant de l’Union européenne :
- D’une part l’amélioration de la durabilité des filières analysées que peuvent apporter trois textes législatifs européens : le règlement européen sur la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE), la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CS3D) et le règlement sur le travail forcé
- D’autre part la détérioration de la durabilité susceptible d’être provoquée par la mise en œuvre de l’accord de commerce avec les pays du Mercosur
Pour cette étude, le BASIC a d’abord cartographié les principales filières d’importation de produits agricoles et alimentaires à destination de la France et les principaux pays de production associés. Ce travail a été réalisé grâce au traitement des données douanières.
Ces données ont toutefois plusieurs limites qu’il nous a fallu corriger :
- Une même production agricole arrive en France sous différentes formes. Le cacao, par exemple, est importé sous forme de fèves, mais aussi et surtout de pâte, de poudre et de beurre, comptabilisées séparément par les douanes. Nous avons donc recomposé une vue globale des quantités produites pour chaque denrée de base. Pour cela, il fallait aussi considérer les équivalences entre les différents produits (par exemple, en calculant les quantités d’oranges produites pour une certaine quantité de concentré importé).
- Les données douanières ne permettent pas de rendre compte de l’origine réelle des produits, puisqu’elles ne montrent que leur dernier pays de passage. Par exemple, d’après les données douanières, la France importe une grande part de son café depuis l’Allemagne, alors que l’Allemagne n’est pas productrice de café. Nous avons donc réalisé une modélisation permettant de réallouer aux pays de production réels les importations passant par un pays de transit (importations indirectes).
Ce travail nous a permis d’identifier les 13 principales filières d’importation agricoles à destination de la France.
Nous avons ensuite quantifié les impacts associés à ces filières. Nous avons pour cela calculé sept indicateurs transverses, pour chaque filière et – lorsque les données le permettaient – pour chaque pays de production principal :

- Climat
- Risque de déforestation
- Eau grise *
- Eau bleue *
- Droits/conditions de travail
- Droits/conditions de travail
- Niveau de vie décent
Pour agréger ces différents indicateurs, nous avons calculé un score d’impact pour chaque filière. Nous avons attribué à chaque indicateur analysé une note de 0 à 3 pour obtenir un score sur 21 : ce score d’impact est d’autant plus élevé que la filière a d’impacts négatifs.
Pour la dernière phase de notre analyse (l’évaluation des conséquences des textes législatifs européens et de l’accord de commerce avec le Mercosur), nous avons utilisé le travail de modélisation que nous avons effectué à partir de la boussole de durabilité. Pour chacune des 15 problématiques sociales et écologiques de cette boussole, nous avons établi une liste de « déterminants » qui les affectent positivement ou négativement.
Nous avons ensuite passé les textes européens au crible pour savoir lesquels agissent sur les déterminants de la boussole de durabilité et ainsi sur quels enjeux ils peuvent avoir un effet.
Les résultats de cette analyse sont synthétisés par les deux boussoles ci-dessous. Celle de gauche montre les enjeux de durabilité sur lesquels les textes législatifs peuvent avoir un effet positif. Celle de droite montre les enjeux de durabilité que l’accord avec le Mercosur risque de dégrader.
Comparaison entre les potentiels d’amélioration de la durabilité amené par les trois législations RDUE, CS3D et Travail forcé, et le potentiel de dégradation de la durabilité amené par l’accord UE-Mercosur :

Lire l’étude :
Dans les médias :
- Le Dauphiné libéré – Travail forcé, pollution, faibles revenus… L’arrière-goût amer des produits importés du bout du monde
- Les Échos – Café, cacao, soja : ces denrées importées qui plombent notre bilan carbone
- Franceinfo – Cacao, café, sucre, vanille… Ces aliments importés en France à l’origine de la destruction de l’environnement et de l’exploitation des populations locales, selon une étude
- Franceinfo – Riz, bananes, café… Greenpeace dénonce l’impact environnemental et social de certains produits
- L’Humanité – Esclavage, pollution des eaux et déforestation : le chaos social et environnemental de la production de cacao épinglé dans un rapport
- Ici – Cacao, soja, vanille : 13 filières d’aliments importés épinglées pour leur impact social et environnemental
- Le Monde – Café, cacao ou vanille… Les aliments importés en France ont de lourdes conséquences sociales et environnementales dans les pays producteurs
- Ouest-France – Un rapport de Greenpeace détaille l’impact social et environnemental des aliments importés en France
- Up’ Magazine – Cacao, soja, vanille… La face sombre de nos aliments quotidiens
* L’eau bleue renseigne sur les volumes d’eau prélevés dans les cours d’eau et les nappes phréatiques notamment pour l’irrigation ; l’eau grise correspond aux volumes d’eau pollués par la production de la denrée considérée.
Photo : Bernd Dittrich / Unsplash.