
À l’approche du Salon de l’agriculture, le BASIC publie une série d’articles pour mieux comprendre les débats actuels.
En 10 ans, l’usage des pesticides en France a bondi avant de revenir à peu près au niveau où il était en 2010-2012*. Pour rappel, le plan Écophyto initié en 2008 visait à réduire de 50 % l’utilisation des produits phytopharmaceutiques dans un délai de 10 ans, si possible. En 2018, le plan Écophyto II+ a décalé cet objectif à 2025.
L’augmentation observée au cours des années 2010 a été le fait d’une minorité d’agriculteurs et d’agricultrices. C’est ce qu’ont montré les travaux que nous avons réalisés pour l’étude de la Fondation pour la nature et l’homme sur le rôle des financements publics et privés dans l’utilisation des pesticides en France, publiée en 2021.
Nous y avons réparti les exploitations agricoles en trois groupes : les moins utilisatrices de pesticides, les plus utilisatrices de pesticides et celles se situant autour de la médiane. Entre 2008 et 2018, les exploitations les moins utilisatrices de pesticides et le groupe médian ont très légèrement réduit leurs dépenses de pesticides. De leur côté, les exploitations les plus utilisatrices ont augmenté leurs dépenses de 55%.
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Ce groupe de super utilisateurs de pesticides ne représente que 9% des exploitations agricoles, mais il est à l’origine de l’essentiel de l’augmentation des années 2010.
Ces exploitations très consommatrices de pesticides sont fortement spécialisées, principalement dans les grandes cultures (céréales, oléagineux et protéagineux, betteraves à sucre, pommes de terre, etc.). Elles misent sur une stratégie de maximisation des volumes et emploient bien plus de main-d’œuvre salariée que la moyenne. Ce type d’exploitation peut ainsi être qualifié de “patronale”, précisions-nous dans notre rapport de recherche. Autrement dit : on est loin de l’exploitation familiale qui sert d’image d’Épinal au moment du Salon de l’agriculture.
* C’est ce que montre l’indicateur Nodu pour les années où il est fourni par l’Insee et par le ministère de l’Agriculture.
Lire les autres articles de notre série « Questions agricoles » :
- La logique des prix bas
- Une concurrence non réglementée
- Le problème avec les exonérations sociales et fiscales
Photo : Mirko Fabian / Unsplash.