Quels seraient les effets socio-économiques d’une transition écologique du système alimentaire français d’ici à 2050 ? A quelles conditions et dans quelle mesure cette transition peut-elle être créatrice d’emplois, équitable et bénéfique en termes de nutrition-santé ?

Telles sont les questions que le Basic et l’Iddri ont investigué depuis 2018. Les principaux résultats ont été présentés le 24 mars 2021, en présence de l’eurodéputé Pascal Canfin, de la directrice de la Coopération Agricole Florence Pradier et du PDG de l’INRAE Philippe Mauguin.

Sur la base de la trajectoire indicative de décarbonation du secteur agricole de la Stratégie nationale bas-carbone française, l’Iddri et le Basic ont développé deux scénarios de systèmes alimentaires, visant tous deux les mêmes objectifs de décarbonation, mais via des trajectoires contrastées tant sur le plan sociopolitique que celui de l’évolution des stratégies économiques des acteurs au sein des filières.

La mise en regard de ces deux scénarios permet in fine d’évaluer leurs implications quantitatives (en termes d’emploi et de revenu) et d’identifier les conditions socio-politiques d’une transition juste :

  • Un scénario centré sur les enjeux climat, sans remise en cause des logiques de concentration/spécialisation de la production, s’accompagnerait d’impacts socio-économiques négatifs importants : accélération de la disparition des exploitations et des emplois associés (-9 % dans les secteur des grandes cultures et du lait par rapport tendanciel), perte d’emplois agroalimentaires (-12 % dans les mêmes secteurs par rapport à 2015), sans améliorer substantiellement la qualité de l’alimentation ni la biodiversité.
  • Un scénario prenant au sérieux les multiples défis auxquels notre système alimentaire est confronté de manière simultanée (climat, biodiversité, santé, emploi) pourrait générer de multiples bénéfices : maintien de l’emploi agricole (+10 % dans les secteur des grandes cultures et du lait par rapport au tendanciel) sans perte de revenu ; accroissement de l’emploi agroalimentaire (+8 % dans les mêmes secteurs par rapport à 2015) ; contribution à la restauration de l’agrobiodiversité et au développement d’une offre alimentaire plus alignée avec les recommandations nutritionnelles publiques.

En termes politiques, la viabilité économique du second scénario repose une évolution simultanée de l’offre, de la demande et de l’organisation des marchés, impliquant des changements importants :

  • une approche volontariste de la demande au niveau national, à rebours de la frilosité actuelle sur le sujet, mobilisant une large palette d’outils et permettant de faire du choix le plus sain et le plus durable le plus évident pour le consommateur ;
  • une convergence des visions entre États membres de l’Unions européenne, pour que la mise en œuvre des plans stratégiques nationaux dans le cadre de la politique agricole commune fixent aux producteurs des objectifs et des conditions de production comparables ;
  • une approche ambitieuse en matière de commerce international pour favoriser et accompagner l’adoption des normes de production ambitieuses.

Pour prolonger ces premiers résultats, il est nécessaire de compléter l’analyse des secteurs des grandes cultures et du lait réalisée dans la présente étude en l’étendant à l’ensemble des secteurs agricoles et des pays de l’Union Européenne. Une tâche à laquelle l’Iddri et le Basic ont commencé à s’atteler avec d’autres partenaires (Solagro, I4CE), dans l’objectif de publier de nouveaux résultats en 2022.

 

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